mardi 4 juin 2013

5. Métro

Métro

Je suis sûr que vous passez dans ce système sans le remarquer, il est naturel pour vous, Montréalais, mais pour moi, c’est une expérience à la fois effroyable et fantastique, une immersion dans un film et une réflexion que vous, lecteurs, allez subir. Dans l’autobus le plus bondé de Québec peuvent s’entasser moins d’une centaine de personnes. Je ne sais pas combien de personnes entrent dans un seul wagon de métro, mais je me doute que pour un métro entier, le chiffre passe quelques centaines, peut-être un millier. Moi, ça m’impressionne.

Par contre, bien que je trouve le concept extraordinaire, que je considère le métro comme une des plus brillantes inventions de l’humanité et qu’il rende les déplacements en ville beaucoup plus agréables, je m’inquiète concernant les gens qui l’utilisent. On dirait des figurants, des fantômes. Pourquoi cette expression neutre qui est commune à tous et chacun? À Stoneham, dans l’autobus, les gens se parlent, il y a des sourires sur les visages. Est-ce la ville ou le métro? Je remonte à la surface, c’est pas tellement mieux. Pourtant, mon milieu de travail est agréable, les gens sont heureux, se parlent, se sourient. Que se passe-t-il? C’est exactement comme si toutes ces personnes avaient décidé de ne pas exister ou s’étaient fait imposer cette inexistence. Un inquiétant manque d’importance que semblent s’accorder tous ces gens et qui me porte à les ignorer, les considérer comme un espace occupé, une masse en marche sans âme. Pas étonnant que tant d’intellectuels citadins dénoncent la moutonnerie, chose assez peu expérimentable à la campagne.
 
Pourtant, chaque usager du métro de Montréal a sa propre histoire, ses joies, ses peines, ses rêves et sa souffrance. Ils sont tous animés d’une vie infiniment complexe et le fonctionnement de chacune de leurs cellules dépasse probablement votre entendement! Vu de l’extérieur, ils ne semblent pas exister, semblent tout faire pour être les plus invisibles possible, comme si les wagons ne pouvaient contenir qu’une quantité maximale d’animation (d’anima, souffle de vie en latin) et que tous et chacun se faisaient un devoir de respecter ce quota.

Comment réagir à l’apathie qui semble généralisée? Certains lisent, écoutent de la musique, fixent le vide. En plus de regarder dans toutes les directions en m’efforçant au sourire, je m’arrange pour saisir un 24H et/ou le Métro, deux petits journaux distribués gratuitement (et en exclusivité!!!! selon le site internet du 24H, qui ne semble pas avoir été mis à jour depuis fin 2010) dans le métro de Montréal. Petite parenthèse, je trouve que c’est une idée fantastique et bien que les publicités prennent une place disproportionnée, autofinancement oblige, l’initiative mérite tout de même d’être soulignée.

Je comprends mieux les origines du mouvement punk (1) avec cette vision spécifique de l’humanité. Des jeunes trop sensibles ou intelligents, en entrant dans ce monde froid et neutre, n’ont pu que créer une forme de résistance, mais la taille colossale de la masse n’a pu leur inculquer que le déni d’eux-mêmes et l’acceptation de leur insignifiance. Je ne veux pas terminer comme ça.

Métal urbain (post-punk français) avait un texte qui dénotait bien cette absence de futur, cette révolte et cette acceptation qu’on retrouve dans la philosophie punk première. Le morceau en question, NUMÉRO ZÉRO, allait ainsi :


Moi seul et unique
Sans copie et sans réplique
Je ne me reproduis pas
Je suis indivisible
Je n’appartiens à personne
L’univers est pour moi

Étranger au cœur des masses
Et paria de toutes les classes
Civilisé dans la jungle / Et sauvage dans la cité
Ne me parlez plus d’amour
D’union d’égalité

Parmi la foule des zombies
Je suis un dieu un héros
Je suis le chiffre infini
Le numéro zéro


J’ai entendu parler d’un beau salon de thé dans le quartier latin. Où est le quartier latin? Je n’en sais fichtre rien!

N’hésitez pas à commenter et/ou à partager et/ou à vous inscrire si vous avez aimé!

Odin


1. Attention, si vous croyez qu’il existe actuellement des punks, vous n’avez pas compris le principe et si vous cultivez l’ignorance sur la réelle philosophie du mouvement qui n’est pas du tout destructeur, méchant, satanique, etc., allez tout de suite vous renseigner ou attendez que j’aie le temps d’écrire sur ce mouvement historique bien particulier. Ne pas confondre avec le punk-rock et d’autres déviations du mouvement originel qui s’est « suicidé » aux alentours des années 80.



4 commentaires:

  1. Ce "post" est aussi bon que les précédents ^^
    Continu! J'aime bien te lire (si je peux me permettre de dire cela.)
    Je suis très d'accord avec toi pour ce qui est des métro de Montréal.

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    1. Merci, c'est toujours génial d'avoir des commentaires sur ses textes et je compte continuer à en écrire!

      Et comptes-tu lancer un mouvement de rejet du monde actuel? ^^

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    2. Tant mieux! Je risque de continué à te lire ^^

      Hahaha, non... je ne crois pas en tout cas :P

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  2. J'adore cet article! Étant maintenant une montréalaise depuis 3 ans, j'émets souvent de tels réflexions lorsque je prends le métro.Les usagers semblent tellement blasés,épuisés...

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